Bruxelles
le 05 janvier 2001. Bonjour
Jane,
Je
rebondis sur la grise mine des ciels bruxellois. Par dessus le sourire
de clown blanc, je porte sur le visage un confetti, précisemment
sur le nez. Premier ricochet.
Chaque matin,
Cette mouche me met en appétit comme l'invitation d'une carotte
fait avancer l'âne. En conséquence, aucun pêcheur
n'est parvenu à me séduire. Quelque soit la maille du
filet, je glisse... Jusqu'à ce qu'une main du poissonnier m'écaille.
Fin de cette prétention. Le poisson sort la tête hors de
l'eau. Fin du poisson. Second ricochet.
A la sortie
de l'eau, un origami témoin du souci sur le haut du visage lui
confère un aspect humain. Les plis de terre mêlée
d'eau glissent du sommet de la montagne vers le sommet du nez. Le silence
Suit le cri de la grimace glacée comme la trace d'une limace
sur un mirroir. L'homme masqué, ce sont les rides, le cycle des
plis, les grains de peaux lisses, à marée basse, cela
précède un violent étonnement, celui d'une marrée
montante aspirant la chaleur d'une voix, le sable retourné par
les vagues, sans jamais saisir les ronds de la mer et dedans la plage
en mouvement. Troisième ricochet avec changement de direction.
Le regard
de poisson passé, une femme peint à partir des puits creusés
autour des yeux, un masque incrusté, celui d'une raie rose et
grise, dressée sur la queue, étonnée d'étouffer,
de vivre, alors que l'air l'empêche. Quatrième ricochet.
Même
glissant; sans quitter l'ombre d'une pierre, contre le courant de l'eau,
ce poisson court et moi aussi. Derrière quoi, devant qui danssons-nous
? Sous les doigts de quel pianiste ? Cinquième ricochet.
Malgrés,
l'invitation du confetti sur le nez, l'âne stoppe. Ses sabots
terrassent cette place sonore de condottiere. comme des choeurs soufflés
par les vents, les délations des sycophantes donnent à
manger aux lions de la ville, l'encre de leur hypocrisie sèche:
"Tout les poissons sont menteurs". Disent-ils vrai, Jane ?
Le collapse le passo doble la chute chavirée du tango renversé
sèchent l'encre mieux que le sable. Il passe et fige à
travers le chat d'une aiguille les grains de sa vie. Quel temps prendre
puisque c'est ailleurs de ce monde qu'il passe sans compter ? Quels
temps perdre hors de l'ensemble cohérent de la mémoire
l'histoire l'oubli, absent ? Sixième ricochet à proximité
du premier.
L'invitation.
Versons l'encre sur ce parquet. Le bois boit si nos pas dansent. Levons
l'encre. Nous dessinons sur le sol la carte de nos vies. Les lignes
tracent nos passages comme une nappe témoigne d'un repas, pas
de l'appétit des vivants, ni de la forme de leurs sourires. Nos
villes sont là, charnières du monde comme l'espace d'entre
les mots laisse au texte une respiration, entre. Les nommer c'est revenir
au village. Montrer ce plan, en faire part à chacun. C'est aussi
quitter la forêt électrique, emportant avec nous cette
simple et double vie, ses secrets qu'à l'ombre de cette pierre,
poissons souriants, nous avons vus. A présent tus. Parce qu'ici
nul poisson vit. Autre invitation, celle d'un glissement dans et hors
de toute ville, quelle qu'elle soit, parcourue par un fleuve. Et cette
dernière, participer au rôle du pianiste sur scène;
seul, loin du piano avec lequel nous ne faisons, pas à pas, rien,
puisque c'est la musique qui joue, et notre appétit est ailleurs.
A présent, je sombre.
Je
t'embrasse, Xavier
Que
tu puisses réaliser tes désirs, cest le moindre
des voeux que jose te souhaiter pour cet année binaire.
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